[FM] GUNnar vs Fernand.Naudin [Foxto]

Parmi mes diverses villégiatures, je compte un domaine particulièrement pourvu en voisinage et je me réjouis d’y voir là noble compagnie née de bonne engeance et portant beau. Ce sont des nobliaux mais amènes et donc fréquentables. L’un d’eux porte pour blase GUnnar et prospère de fort belle manière, parvenant au troisième rang du Comté de la Seigneurie à l’entour en quelques lunaisons, juste derrière mon blason.

GUNnar a acquis ses lettres de noblesse en ayant égard à l’endroit de ses concitoyens : il ne tond pas ses prés le dimanche à l’heure de la messe, son épouse est avenante et a toujours une risette au bord de ses lippes ; ses enfants sont apprêtés et calmes, ils disent toujours : «Salut à Toi Messire ! ».

Un vrai gentilhomme vous dis-je, quoique… Vous jugerez par vous-même…

Dimanche passé, j’étais affairé à parfaire la cuisson d’une pièce de ruminant que j’avais demandé à mes gens d’occire quelques matins auparavant : la teinte brune du rôt indiquait son prochain et parfait achèvement.  La « Fête des voisins » devait poindre sous peu et j’avais à cœur de servir mon mets de fort belle facture à point nommé. Ma fierté allait vers cette viande de qualité « blanc bleu belge » qui met au rebus la vile Charolaise dont se repaissent des peuplades sauvages au sud de la Loire.

Soudain, j’entends bruire dans les fourrés et distingue nettement à l’ouïe des décharges de mousquets à foison. Dans la pénombre, je distingue Messire GUNnar avec plusieurs de ses gens d’armes qui venaient de passer de vie à trépas nombre de mes servants. Non content de son forfait, le trublion se saisit de ma pièce de  viande et s’enfuit dans les bois.

« Manant !  lui lancé-je, tu me rendras raison devant Dieu, Vishnu ou Staline, peut me chaut.. ».

En garçon prévoyant, je bâtis un cabanon discret près du quartier de l’intéressé afin de le rudoyer sous peu.

Mais pas plus tard qu’hier, voilà notre messire GUNnar  qui revient pérorer  en reluquant mes magrets de canard que je voulais servir rosés à ma progéniture. D’un coup d’un seul, il empale mes pièces de volaille et disparaît dans les sous-bois.
Autant vous dire que Dame Naudin ne mâchait plus sa colère : « Alors que nous célébrons la Fête des voisins, un maraud peut-il impunément dérober la pitance de la bouche de nos enfants ? ».

Par dépit et par colère, je fis un sort aux litrons de Banyuls rouge, un vin coquet de la banlieue de Perpignan. Dès lors aviné, j’entrepris un somme dont je ne sortis – ébaubi – qu’après les vêpres.

Retrouvant à grand peine mes esprits, je constatais que GUNnar venait derechef me houspiller mais cette fois avec plus de 39.000 de ses faquins.

Sans différer, je réunis ma piétaille constituée de 52.000 hommes ; certains ont l’œil torve – ou pire, manquant - : leur seul regard vous ferait rendre gorge même par une nuit sans lune…Bien décidé à résister et à bastonner rudement Gunnar et sa milice, je fourbis mes armes et tance mes gens de n’avoir pitié aucune pour ce « manqueur de rôtir en rond ».

Le verdict est sans appel : malgré une force individuelle supérieure mais un nombre moindre, GUNnar perd tous se hommes ; c’est donc à croire que le nombre fait la force ? Vous m’éclairerez en commentant ce fait d’armes.